Rappelez-vous une journée où vous avez vécu un moment de grande concentration. Totalement absorbé·e par votre tâche, vous en avez oublié le monde extérieur, l’heure qu’il était, même l’envie de manger… vous éprouviez un très grand plaisir à réaliser votre activité, au point de vous y fondre totalement.

Bienvenue dans l’état de Flow !

Souvent désigné par les athlètes ou les artistes comme « être dans sa zone », le Flow a été documenté et conceptualisé par le psychologue hongrois Mihály Csíkszentmihályi[1] dans les années 1970. S’il se vit lors d’activités sportives et artistiques, il peut également être vécu au travail.

Explorons.

Qu’est-ce que le Flow ?

« Le Flow est synonyme de plaisir et se manifeste typiquement lorsque le défi de la situation est évalué comme étant égal ou légèrement supérieur aux habiletés que la personne croit posséder. » Jacque Forest[2]

Les 8 caractéristiques de l’état de Flow

Csíkszentmihályi a identifié plusieurs éléments qui reviennent systématiquement dans les témoignages des personnes vivant un moment de Flow :

    1. Un équilibre entre le défi à relever et les compétences de la personne.
    2. Une clarté des objectifs et des attentes entourant l’activité.
    3. Une intense concentration focalisée sur le moment présent.
    4. Une satisfaction propre à l’activité en soi.
    5. Une distorsion de la perception du temps.
    6. Un effacement du sentiment de conscience de soi (disparition de l’ego), accompagné d’un sentiment de sérénité.
    7. Un fort sentiment de contrôle de la situation et de maîtrise de soi.
    8. Une rétroaction immédiate des réussites et des difficultés (Ex : une joueuse de tennis sait au moment où elle frappe sa belle si celle-ci est bonne ou non[3]).

Selon Kate Hefferson[4], atteindre l’état de Flow régulièrement permet d’améliorer la qualité de vie, la performance, les accomplissements, le niveau d’engagement et le bien-être général.

Comment savoir si vous êtes dans le Flow ?

Dans son schéma, Mihály Csíkszentmihályi a répertorié neuf états émotionnels, répartis selon deux axes : l’axe du défi et l’axe des compétences. Ces états varient selon le niveau ressenti par la personne pour chaque axe en fonction de sa tâche (ou de son emploi) : bas, modéré ou élevé.

Modèle du Flow, adapté par Dynamo
Le modèle du Flow, inspiré des travaux de Mihály Csíkszentmihályi, adapté par Dynamo

Outre l’état de Flow, on peut identifier trois zones principales :

Zone de confort : lorsque le Flow est à portée de main

  • Maîtrise : vous faites face à un défi moyen qui est inférieur à votre sentiment élevé de compétences pour le relever.
  • Excitation : vous faites face à un défi élevé qui est supérieur à votre sentiment de compétences, qui amène un sentiment de fébrilité.
  • Neutre : vous faites face à un défi moyen et vous avez le sentiment d’avoir moyennement les compétences pour le relever.

Les personnes situées dans cette zone vivent régulièrement des moments où leurs tâches les rendent heureuses et de bonne humeur. Elles entretiennent habituellement de bonnes relations avec leurs collègues et aiment fournir un travail de qualité.

Zone anxiogène : lorsque l’envie de réussir est plus élevée que le niveau de compétence

  • Inquiétude : vous faites face à un défi qui vous semble supérieur à votre sentiment de compétences, ce qui peut générer de l’appréhension.
  • Anxiété : vous faites face à un défi élevé qui vous semble très supérieur à votre sentiment de compétence, ce qui peut donner le sentiment de ne pas maîtriser la situation.

Les personnes situées dans cette zone peuvent vivre des moments d’inquiétude, parfois accompagnés de sentiment d’impuissance. Elles peuvent se replier sur elles-mêmes et avoir du mal à demander de l’aide.

Dans cette zone, il est important que le milieu de travail soutienne ces personnes afin de leur fournir les outils et explications nécessaires pour leur permettre de s’accomplir.

Zone de démobilisation : lorsque l’intérêt n’y est pas (ou plus)

  • Ennui : vous faites face à un défi faible très inférieur à votre sentiment de compétences.
  • Détachement : vous faites face à un défi faible inférieur à votre sentiment de compétence, sans toutefois maîtriser totalement le sujet.
  • Indifférence : vous faites face à un défi faible tout en ayant le sentiment de ne pas avoir de compétence pour le relever, ce qui peut entraîner une forte démotivation.

Les personnes situées dans cette zone peuvent vivre un manque d’entrain dans leur tâche ou leur emploi, voire un grand ennui. Elles peuvent éprouver un sentiment de lassitude, dégradant parfois leurs relations avec leurs collègues.

Dans cette zone, il est important que le milieu de travail aborde la situation avec la personne, afin d’explorer avec elle les solutions qui lui permettraient de rehausser sa mobilisation.

Le Flow : un état intermittent à cultiver

Par nature, le Flow n’est pas un état permanent, mais une expérience ponctuelle. L’idée n’est donc pas d’y rester en continu, mais plutôt de reconnaitre notre état du moment et de cultiver les conditions qui nous mènent au Flow. Certaines tâches nous y plongent plus facilement que d’autres. Plus nous les identifions, plus nous pouvons le vivre souvent !

Quelques pistes pour cultiver cet état :

  • Développer notre curiosité, pour poser un regard nouveau sur ce qui nous entoure, se laisser émouvoir, s’émerveiller du beau et nourrir notre enthousiasme à expérimenter de nouvelles choses.
  • Identifier ce qui nous plaît ou non, pour faire le plus souvent possible ce que nous aimons vraiment et aborder plus sereinement ce que nous devons faire malgré tout.
  • Maintenir notre attention de façon soutenue pour concentrer notre énergie sur ce qui compte réellement.

Apprendre à identifier son Flow, à le nourrir et à l’atteindre régulièrement permet de s’épanouir pleinement dans nos milieux professionnels et personnels. Comme disait Confucius, « La personne qui prend plaisir à travailler ne travaillera plus jamais ».

 

Pour aller plus loin

15 questions à vous poser pour explorer le Flow et cultiver les contextes qui le favorisent (durée : 15 min environ).

Envie d’intégrer le Flow dans votre vie professionnelle ?

— Sophie Pétrédirectrice au développement des talents chez Dynamo


[1] Mihaly Csikszentmihalyi, Finding flow, 1997.
[2] Dr Jacques Forest, Si le travail est plaisir, la vie sera joie, 2006.
[3] Exemple tiré de Sophie Audet, La révolution des sorcières : guide du développement du leadership féminin, 2022, p.218
[4] Kate Hefferson et Ilona Boniwell, Positive psycholoy Theory, research and application, 2019.