Hochelag 8h49, sur un sol qui avant moi en a vu d’autres cherche à ouvrir le dialogue entre les habitant·e·s du quartier Hochelaga à Montréal. Un projet multidisciplinaire qui a remporté le vote du jury du Hackathon social pour son ancrage territorial et ses porteuses à l’énergie contagieuse : Annick Daigneault et Sarah Khilaji.

 

Qu’est-ce que Hochelag 8h49 en quelques mots ?

Hochelag 8h49 est un projet anthropo-artistique dans Hochelaga-Maisonneuve qui souhaite rendre hommage au patrimoine humain du quartier à travers la médiation culturelle et des installations numériques alliant arts sonores, visuels et littéraires.

Que voulez-vous créer avec ce projet?

Gagnant du terrain d’année en année, la bataille contre la gentrification est malheureusement vaine et le quartier, pour différentes raisons, se transforme. Les personnes s’installant dans le quartier arrivent parfois avec leur lot de préjugés et de sentiment d’insécurité tandis que les personnes qui y sont établies depuis des années ne voient pas l’arrivée de nouveaux‧elles résident‧e‧s d’un bon œil. Face à ce constat, une seule option s’offre à nous : la rencontre et le dialogue.

L’objectif de Hochelag 8h49 est donc clair : en créant un pont entre les différentes communautés du quartier via un lieu commun, nous souhaitons alimenter le sentiment de cohésion, de sécurité et d’appartenance au quartier tout en mettant de l’avant l’importance de préserver son hétérogénéité et de les faire cohabiter. Nous souhaitons, par-dessus tout, sensibiliser les nouveaux arrivants dans le quartier à ce qu’est Hochelaga, dans toute son extravagance, son authenticité et son histoire afin que celles-ci ne soient pas effacées du décor puisque c’est ce qui fait le quartier.

Hochelag 8h49, par et pour les citoyen·ne·s du quartier Hochelaga?

Hochelaga est un microcosme très hétérogène et nous remarquons de plus en plus les fissures communautaires qui se forgent dans le décor. De ces fissures naissent des tensions sociales, des conflits identitaires, de la méfiance envers l’autre et un sentiment d’insécurité chez une certaine partie de la population.

Avec Hochelag 8h49, nous souhaitons, humblement, créer un projet par et pour les citoyen‧ne‧s en proposant des installations et des activités à l’image des gens du quartier. Cette image est plurielle : personnes en situation de précarité, personnes issues de l’immigration, nouvel arrivant dans le quartier, enfants, adolescent‧e‧s, familles, aîné‧e‧s, familles, parent monoparental, familles recomposées, personnes en situation d’itinérance, etc. Nous estimons que les citoyen‧ne‧s du quartier sont les professionnel‧le‧s de leur réalité et de leurs propres enjeux territoriaux et nous souhaitons mettre de l’avant des espaces leur permettant de témoigner de ces réalités, à leur manière et dans leurs mots.

Quelles sont les prochaines étapes à venir ?

Des activités de médiation culturelle s’en viennent à l’automne. Avec les Jasettes de dep’ nous allons installer trois patios éphémères devant des dépanneurs (un par jour par dépanneur) situés à différents endroits dans le quartier. Nous souhaitons provoquer le dialogue entre les client‧e‧s qui ne s’adresseraient pas la parole autrement. Nous souhaitons que celleux-ci se racontent un lieu, un souvenir qui les a marqué‧e‧s dans le quartier, une anecdote, une histoire, une personne marquante du quartier, etc. Que le souvenir date de leur arrivée dans le quartier, de l’enfance ou de quelques jours, nous voulons récolter les mémoires afin de rendre hommage au quartier et de permettre aux gens de se raconter leur Hochelag.

Les dépanneurs ont, pendant des décennies, constitué des territoires organiques sur lesquels les gens se donnaient des nouvelles. Cette tendance s’est étiolée au fil du temps lorsque la collectivité a laissé place à une certaine individualité. Nous souhaitons donc permettre aux citoyen‧ne‧s de se réapproprier cette culture de la jasette informelle sur leur territoire.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour l’avenir ?

Plus de financement! Plus sérieusement, on espère simplement arriver à toucher les gens et témoigner de la façon la plus authentique possible de la richesse humaine qui fait le quartier. Donc on nous souhaite beaucoup de belles rencontres, de belles histoires et des curieux‧ses pour les entendre!

Propos recueillis par Dynamo, merci à l’équipe d’Hochelag 8H49 d’avoir répondu à nos questions!